Les groupes Facebook

Prenons un exemple un peu tiré par les cheveux. Imaginons que je ne sache pas le goût qu’à un potimarron et que cela m’empêche de dormir la nuit au point de me motiver à m’en ouvrir sur Facebook. Il y a fort à parier que, que ce soit un lundi à 18h ou un dimanche à 6h du matin, des membres bien attentionnés se mobilisent pour me venir en aide. L’un répondra que le potimarron est cousin du potiron. Un autre dira que sa texture se rapproche de celle de la patate douce. Un autre encore, passionné de cuisine, que relevé avec une pointe de noix de muscade, le potimarron est délicieux.
En soit, celui qui a déjà gouté au potimarron trouvera qu’ils ont tous un peu raison et qu’il y a du vrai dans chaque contribution… mais aucune réponse reçue ne permettra à celui qui n’en a jamais mangé d’apprendre que le potimarron a une saveur typique qui rappelle celle de la châtaigne.

Si j’ai choisi un exemple qui prête à sourire, c’est sans doute parce que mes pérégrinations sur Facebook m’en donnent de moins en moins l’occasion.

Si ces groupes, dont l’entraide et le partage d’informations sont l’ADN, regorgent de gens pétris de bonnes intentions, force est de constater que leurs contributions souffrent souvent d’approximations, avec parfois des conséquences dramatiques à la clé.

Je ne compte plus le nombre de posts que je vois passer consacrés au délai à respecter entre l’obtention d’un arrêté de permis de construire et l’ouverture de chantier. Ni le nombre de réponses se résumant à « nous, on avait trop hâte, on n’a pas attendu les 3 mois et on a pas eu de soucis », sans plus de précisions sur le contexte, la nature des travaux, ou quoi que ce soit d’autre. Ni celles préconisant de bien vérifier qu’un compromis intègre une condition suspensive d’obtention de permis de construire, sans aucune précision quant à sa purge.

Lorsque j’ai commencé à fréquenter ces groupes, j’étais tellement horrifiée de l’approximation de certains commentaires ou des parallèles hasardeux faits par leurs auteurs, soucieux de donner à tout prix leur réponse (bien sûr tirée de leur propre expérience mais sans chercher à savoir s’il y avait réellement matière à faire des transpositions) à telle ou telle sollicitation, que je me suis sentie investie de la mission de rétablir la vérité et de marteler mes bons conseils. « La condition suspensive d’obtention d’un permis de construire c’est bien, mais parler de permis purgé de tous recours et retraits administratifs, c’est encore mieux ».

Et puis un jour, je me suis lassée.

Lassée de répéter 10 fois la même chose.
Lassée de passer pour la méchante qui contredit Monsieur Dupont qui n’a pas eu la patience d’attendre 3 mois et qui ne mesure pas sa chance de ne pas avoir vu son permis annulé.
Lassée de voir des commentaires bourrés d’erreurs recueillir plein de « like » tout simplement parce qu’ils ont été postés en premier.
Et lassée de devoir justifier de mon expérience professionnelle pour voir mes conseils suivis.

Désormais, j’ai choisi de ne participer que de manière ponctuelle et à temps perdu sur les groupes généralistes. Je ne réponds plus qu’aux sollicitations de personnes réclamant ouvertement l’avis d’un professionnel et je concentre mes efforts pour délivrer une information fiable et de qualité que sur les groupes animés et gérés par des professionnels.