Pour bien comprendre le principe, rien de tel qu’une petite mise en situation.
Imaginons qu’un projet de lotissement fasse l’objet d’une demande de permis de construire en juin 2021. Le permis est obtenu à l’issu du délai d’instruction de 3 mois, soit en septembre 2021. Le temps de le purger, le lotisseur attaque les travaux de viabilisation en janvier 2022 et, ayant obtenu une garantie d’achèvement, il procède à la vente par anticipation des lots à bâtir.
Monsieur B. signe donc en février 2022 un compromis de vente avec le lotisseur pour l’achat d’un lot de 500 m² permettant la construction d’une maison individuelle de 120 m² au sol, conformément à ce qui avait été autorisé par le permis d’aménager obtenu par le lotisseur et régularise dans la foulée un CCMI. La demande de permis de construire est déposée en avril 2022.
Problème (ou pas) : Monsieur B. s’aperçoit au jour du dépôt de sa demande de permis que le PLU qui était applicable au moment de la création du lotissement n’existe plus, ayant été remplacé par un PLUi en mars 2022.
Peut-il quand même déposer son permis ? Les règles d’urbanisme ont-elles changé ? Va-t-il obtenir son permis ou se le voir refusé ? Les questions se bousculent et pourtant la réponse est simple : les règles de l’ancien PLU continuent de s’appliquer à son terrain et à tous les autres lots du lotissement grâce à la cristallisation des droits à construire !
Pour s’en convaincre, direction l’article L. 442-14 du Code de l’urbanisme qui précise que « Lorsque le lotissement a fait l’objet d’un permis d’aménager, le permis de construire ne peut être refusé ou assorti de prescriptions spéciales sur le fondement de dispositions d’urbanisme nouvelles intervenues depuis la date de délivrance du permis d’aménager, et ce pendant cinq ans à compter de l’achèvement des travaux constaté dans les conditions prévues par décret en Conseil d’Etat. »
Etant précisé que si le lotissement avait été créé par déclaration préalable, la cristallisation des règles d’urbanisme aurait été identique et ce pendant 5 ans à compter de la décision de non-opposition à la déclaration préalable.
Sauf que… une récente jurisprudence est venue apporter une précision… une précision de taille qui n’aurait pas été sans conséquences pour Monsieur B.