Acheter un terrain agricole : un rêve à portée de main
Effet collatéral de la crise sanitaire ou conséquence de la quête de sens, les terrains agricoles et maisons à la campagne n’ont jamais été aussi prisés par les particuliers.
L’achat d’un terrain se prépare et André était certain d’avoir tout anticipé avant de se lancer. Chef d’entreprise à Lille, son projet était d’acheter un terrain dans l’arrière-pays varois, afin d’y construire une maison où passer sa retraire et ouvrir des chambres d’hôtes.
Pour sa résidence principale à Lille, André était déjà passé par la case achat de terrain et CCMI donc il savait que la base avant de faire une offre pour l’achat d’un terrain était de vérifier s’il était constructible ou non. C’est ce qu’il a fait.
Il a consulté le PLU, a vu que le terrain était classé en zone urbanisée, qu’aucune servitude ne rendait a priori impossible la construction d’une maison de 300 m² avec piscine et dépendances et que le terrain était bien viabilisable. Le véritable coup de cœur qu’il a eu pour ce terrain de 25 000 m², le fait que l’agent immobilier du vendeur lui ai dit qu’il était en concurrence avec une dizaine d’acheteurs potentiels et le fait qu’il entendait financer avec son épargne, l’ont conduit à commettre une première imprudence : acheter sans condition suspensive de permis de construire obtenu et purgé. Une imprudence qui aurait pu n’entraîner aucune conséquence mais qui dans son cas, en a eu une grosse : celle de se retrouver propriétaire d’un terrain non constructible alors qu’il venait de signer l’acte de vente.
André a accepté de se prêter au jeu de nos questions, afin de partager son expérience et donner un peu d’espoir à celles et ceux qui pourraient se reconnaître dans son récit.
J’ai acheté un terrain de presque 250 ares il y a 10 mois dans le Var. Je dirige une petite entreprise de conseil en informatique à Lille et d’ici 5 ans, je compte prendre ma retraite. Mon épouse est plus jeune que moi et est gouvernante dans un hôtel 4 étoiles de Lille. Mon rêve a toujours été de passer ma retraite dans le Sud et le sien d’ouvrir des chambres d’hôtes haut de gamme donc on a voulu concilier les deux.
On passe nos vacances dans le Var depuis plus de 20 ans parce qu’on adore la région et on avait pris l’habitude de consulter les petites annonces immobilières. Un jeudi soir, on est tombé sur une annonce pour un magnifique terrain vendu par une agence. Le lendemain on a pris la voiture, appelé l’agence sur la route et on est descendus voir le terrain, super emballés. L’agent immobilier nous a tout de suite prévenu qu’il y aurait beaucoup de monde dessus alors en 2 jours on a fait une offre. On a tenté une petite négo. Vu qu’on achetait sans condition de prêt et qu’on avait vérifié que le terrain était bien constructible, c’est passé.
15 jours après on signait le compromis, et 2 mois après la vente. Vu que nos prochaines vacances étaient dans moins de 2 mois, on s’est dit qu’on allait en profiter pour faire le tour des architectes, constructeurs, etc. donc on y est allé tranquille.
Et puis ça a été la douche froide quand le premier (et du coup le seul) architecte qu’on a rencontré nous a dit de but en blanc qu’on ne pourrait rien construire sur notre terrain. Ça a été le coup de massue.
On ne pensait vraiment pas que c’était possible mais entre le moment où on a acheté notre terrain et le moment où on a commencé à faire ce qu’il fallait pour demander un permis, le PLU a été annulé par le tribunal administratif de Toulon. Du coup, vu qu’il n’y avait plus de PLU, la commune est repassée en RNU et quand l’architecte a vu où se trouvait notre terrain, il nous a dit qu’il y avait aucune chance pour que le maire et le préfet nous délivrent un permis.
Sur le coup, on ne l’a pas cru et on a foncé en mairie. On a eu un rendez-vous avec le maire 3 jours plus tard et il nous a confirmé que notre terrain ne faisait pas partie d’une zone suffisamment urbanisée pour être construit. 2e coup de massue.
Et comme si ça ne suffisait pas, quand on lui a demandé combien de temps il lui faudrait pour refaire un PLU, il nous a dit qu’il n’en referait pas mais qu’il allait attendre qu’un PLUi soit fait par la communauté de communes.
Sur le coup, on s’est dit que ce n’était pas grave et qu’on allait attendre. On est rentré à l’hôtel et on a commencé à faire des recherches sur internet jusqu’à ce qu’on comprenne que ça allait prendre des années et qu’il fallait qu’on trouve un plan B.
On a tapé sur Google « quoi faire avec un terrain non constructible » et c’est comme ça qu’on a trouvé jaiunterrain.fr.
Je crois qu’on a lu tous les articles sur les terrains non constructibles et les solutions qu’il y avait pour en faire quelque chose malgré tout. On a découvert plein de pistes. D’un côté, ça nous a donné de l’espoir parce qu’on s’est dit qu’il y avait des moyens de limiter la casse mais d’un autre côté, ça nous a démoralisé. On se sentait tellement idiots de s’être fait avoir comme ça et d’avoir mis presque toutes nos économies dans un terrain juste bon à faire paître des moutons qu’on a complètement perdu confiance en nous et en notre capacité à nous en sortir seuls. Alors plutôt que de perdre du temps et de nous planter encore une fois, on a pris un coaching.
Le coaching nous a permis de redescendre en pression et d’être rassurés. Régis a commencé par nous réexpliquer tout ce que l’architecte et le maire nous avaient déjà dit mais qu’on avait peur de ne pas avoir compris parce qu’au point où en était on avait l’impression de ne plus rien comprendre.
Et puis il nous a dit qu’on n’était malheureusement pas les seuls à être confrontés à ce genre de problème. C’est idiot mais ça nous a fait du bien au moral.
Ensuite, il nous a présenré les différentes options qu’on avait pour essayer de tirer quelque chose de notre terrain. Bien sûr, on avait déjà lu tout ça sur le site mais sa plus-value a été de nous dire clairement ce qui pouvait et ce qui ne pouvait pas être fait sur notre terrain. Par exemple, vu la configuration de notre parcelle, il nous a clairement dit qu’y mettre des éoliennes n’avait aucun intérêt et qu’il était inutile de perdre du temps à explorer cette piste.
En fait, ce qu’il a fait c’est nous donner les clés pour prendre des décisions pour le coup vraiment réfléchies, en fonction de ce que telle ou telle solution allait nous rapporter, du temps qu’il faudrait pour qu’on gagne quelque chose et de la facilité avec laquelle elle pourrait être mise en œuvre.
10 mois après mon achat, j’ai réussi à revendre 5000 m² de mon terrain à la mairie. C’est Régis qui a eu cette idée, après avoir trouvé dans l’ancien PLU que la ville avait besoin de construire un nouveau parking public. Sur ses conseils, j’ai moi-même contacté le maire et on a fait affaire très implement.
Pour le reste, j’ai choisi de le louer pendant 30 ans à un producteur d’énergie solaire qui a obtenu l’autorisation d’installer ses panneaux photovoltaïques sur mon terrain. Les travaux vont démarrer d’ici 2 mois. J’ai bien conscience que je ne pourrais rien faire de mon terrain pendant les 30 prochaines années, mais en bout de course, je pourrais dire qu’à défaut de m’avoir beaucoup rapporté, ce terrain ne m’aura pas tant coûté que ça.
C’est un patrimoine que je transmettrai à mes enfants et qui, je l’espère, sera d’ici là repassé en zone constructible.
Propos reccueillis par Natalia en mars 2022
co-fondatrice de jaiunterrain.fr